Le rachat canadien de la marque de “konbini” 7-Eleven tombe à l’eau
L’entreprise québécoise Alimentation Couche-Tard, qui avait présenté une offre de rachat à Seven & I Holdings, la maison mère japonaise de la chaîne, a décidé de la retirer, dénonçant la “méfiance” de la partie nippone à l’égard du projet. Cette dernière riposte en annonçant vouloir améliorer son chiffre d’affaires sans aide étrangère, et ce malgré de grandes difficultés financières.
La fin a sonné pour un projet de rachat qui secouait le secteur de la vente au détail japonais depuis l’année dernière. Le 16 juillet, l’entreprise canadienne Alimentation Couche-Tard a annoncé avoir retiré son offre de rachat de la société japonaise Seven & I Holdings en dénonçant l’absence de “dialogue constructif” dans une lettre adressée à la partie nippone, comme le rapporte la chaîne publique japonaise NHK.
En juillet 2024, l’entreprise canadienne avait présenté une offre de rachat de l’ordre de 7 000 milliards de yens (40 milliards d’euros) pour acquérir l’ensemble de l’entreprise, puis “les deux parties avaient entamé des négociations après avoir signé un accord de confidentialité”, rappelle la chaîne. “Dans sa lettre, Alimentation Couche-Tard estime ne pas avoir eu suffisamment d’informations lors de la procédure d’évaluation des biens de Seven & I Holdings, et reproche à la direction de cette dernière de retarder et de compromettre volontairement les pourparlers”, poursuit le site de la NHK.
Dans l’archipel, Seven & I Holdings possède notamment 7-Eleven, une des principales marques de supérettes de quartier connues sous le nom de konbini (abréviation japonisée de l’expression en anglais convenience store). Omniprésente, elle ne compte pas moins de 53 000 magasins au niveau national et occupe une place centrale dans la vie des Japonais – on peut non seulement y acheter des en-cas mais aussi y payer ses factures d’électricité et même ses impôts.
Quant à la direction de Seven & I Holdings, elle a répondu aux critiques d’Alimentation Couche-Tard dans un communiqué publié le 17 juillet en dénonçant de “nombreuses erreurs” dans la lettre canadienne, selon les informations relayées par le quotidien Yomiuri Shimbun. “Nous allons poursuivre les mesures pour créer nous-mêmes des richesses”, soutient la direction, regrettant que la partie canadienne ait mis fin aux pourparlers de “manière unilatérale”.
Il faut dire que l’entreprise japonaise s’est toujours montrée “méfiante” vis-à-vis de ce projet, rappelle le quotidien. La famille Ito, fondatrice du groupe Seven & I Holdings, aurait tenté de mettre des bâtons dans les roues de l’offre canadienne en envisageant une opération de management buy-out (“rachat de l’entreprise par les cadres”, en français). “Or, faute de financements, cette idée, qui aurait nécessité de 8 000 à 9 000 milliards de yens (de 46 à 52 milliards d’euros), a échoué”, indique encore le Yomiuri Shimbun. Qui plus est, Seven & I Holdings a changé de direction en mai, dans l’objectif d’augmenter la valeur de l’entreprise de manière indépendante et sans aide étrangère.
Mais force est de constater que les activités du groupe japonais sont en berne, en grande partie à cause de la concurrence accrue avec d’autres marques : -11 % en termes de résultat opérationnel entre mars et mai 2025 par rapport à la même période en 2024. “En août, la nouvelle direction va publier sa feuille de route à moyen terme pour expliquer comment elle envisage d’améliorer ces chiffres”, note l’agence de presse Jiji Tsushin.
Courrier International